• Guyane

     

    Sur le fleuve Mahury, on pouvait naviguer à la voile... Guyane

     

    Guyane ...jusque Roura

     Aujourd'hui, ce n'est plus possible, un pont barre le fleuve.

     

    Guyane

    la marée se fait sentir jusque très loin en amont

    Guyane Un carbet

     

                                     Guyane

     

     

    Guyane

     

    Une muraille verte... Guyane

     

    Guyane

    Ce n'est pas très fréquenté, je ne suis pas obligé de tenir ma droite.

    Un matin pluvieux je croise la pirogue de ramassage scolaire... puis un indien.

       Guyane

    On s'adresse un petit signe de la main, je continue ma route. Par discrétion, je ne débarquerai pas dans le village indien.

    Sur le fleuve, c'est la vie comme en France : le matin, on croise les gamins qui vont à l'école, puis leur père qui part à la chasse. Le week-end, il y a les gars de la ville qui débarquent en pirogue à moteur (deux ou trois pirogues, pas plus). Mais plus je m'avance, et moins je vois de monde. Bientôt, je ne verrai plus personne...

                                                         Guyane

     Un matin...Guyane

     

    Avant le soir (la nuit tombe comme un rideau), je jette l'ancre ou je m'amarre aux arbres selon la largeur de la rivière.

    La nuit, mille bruits inquiétants résonnent dans la profondeur du silence. Je ne parviens pas à m'habituer au cri du singe hurleur, c'est pire encore que le rauquement des fauves. Je suis bien content d'être à bord de mon bateau et non pas sous une frêle moustiquaire dans un hamac pendu entre deux arbres. Je fais le mariolle mais il est clair que je n'aurai pas entrepris un tel voyage, seul à pied à travers la forêt. A bord d'Arthur je suis en sécurité. Je crains surtout les serpents et les fourmis (je badigeonne le amarres avec de la mousse à raser, il paraît qu'elles détestent ça). Quand je me promène dans la forêt, c'est toujours avec circonspection, la machette à la main, et jamais très loin de mon bateau. Au préalable, j'ai questionné des spécialistes de la forêt qui n'ont pas cherché à me dissuader de tenter cette expérience, au contraire. Leurs conseils me sont très profitables.

           Guyane

                                                                                                          Guyane

     

               

    Guyane

    Ce coin est tellement sympa que j'y reste trois jours.

     Guyane

    Avec le canot, je vais repérer un embranchement, celui de la Bistouri-Counana (qui dans mes souvenirs semble rejoindre l'Orapu en aval ?). Je découvre un appontement complètement pourri et les restes d'une chenille de bulldozer enfouis dans la végétation. Les vestiges d'un campement de chercheurs d'or ?

     

    Après l'Orapu, la remontée de la rivière Counana est délicate : les passages étroits sont de plus en plus nombreux, la quille talonne sur des troncs d'arbres immergés, les branches s'accrochent au mat. Les endroits où je peux accoster se font rares. Soudain, Arthur heurte un tronc invisible, se cabre, retombe. Je suis passé, mais... je ne suis pas sûr de repasser dans l'autre sens ! Piégé pour piégé, je continue (si je peux sortir de ce piège maintenant, je pourrai aussi bien en sortir demain, ou après-demain...). Mais bientôt, ce n'est plus possible de continuer : les branches emprisonnent le gréement, ça devient périlleux pour le mat. Un voilier n'a rien à faire ici... Le problème, c'est que j'ai été trop loin, je n'ai pas la place de faire demi-tour. Enfin, je trouve une sorte d'appontement à moitié pourri. Je manoeuvre pendant qu'Arthur dispute ses haubans aux branches vindicatives. Et je pointe de nouveau l'étrave vers la mer (elle est loin, la mer). J'amarre le bateau et je décide de rester là. Le lendemain, j'explore la rivière en amont avec le canot, ce qui me conforte dans l'idée qu'Arthur n'ira pas plus loin. Soudain, un singe hurleur bondit dans les branches au-dessus de ma tête. La giclée d'adrénaline qui s'ensuit me dissuade définitivement de tout vagabondage pneumatique.

                        

     En canot... Guyane

                                                            

                                                              Guyane Je n'irai pas plus loin

     

    J'ignore où je me trouve. Tout ce que je sais, c'est que je suis quelque part sur la rivière Counana. A proximité de l'appontement, il y a un carbet en état moyen. Je repère les traces d'un layon. Je m'y aventure en donnant des coups de machette à droite à gauche pour réouvrir le passage. Au bout d'une heure de marche, je ne suis pas plus avancé : évidemment, il n'y a que des arbres. On bute sans cesse sur un mur vert.

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    Terminus sylvestre

    Si  mon voilier de 8 mètres est un peu léger pour l'océan, sa quille relevable est bien pratique pour s'immiscer dans des recoins inaccessibles aux plus grands. (on distingue l'appontement à gauche de la photo).

     

    Je m'habitue à ce lieu peu accueillant, sombre, d'un vert étouffant, où le seul point de couleur vive est le rouge de mon drapeau national qui s'effiloche. L'impression de m'être égaré dans un bras mort du temps (un bras mort qui grouille de vie).

    Un matin, trois légionnaires surgissent en pirogue prendre possession du carbet. Je vais les saluer, histoire de me montrer poli. Ma présence (et celle de mon bateau) leur paraît tellement incongrue qu'ils doivent penser qu'Arthur et moi nous nous sommes téléportés. Ils n'ont pas l'air d'y croire comme s'ils doutaient de ma réalité en ce lieu... Ils préparent un raid pour les jeunes recrues. Et je sais maintenant où je suis : un copain m'avait en effet parlé de ce carbet qui appartient aux militaires. Il n'était pas sûr que je puisse y parvenir... Le lendemain, je vois toute une escouade de légionnaires en grand équipement traverser la rivière. Moi qui me croyait seul... le charme est rompu.

     

    Je jette de nouveau l'ancre à Roura deux semaines après mon premier passage. J'ai passé quatorze jours dans la forêt... Mais Roura, c'est encore la forêt ! Un village isolé comme une avant-garde de la civilisation, accessible par un bac qui traverse le fleuve Mahury (avant la construction du pont).

    Je fête mon retour à la "civilisation" en effectuant quelques emplettes à l'épicerie de Roura.

     

    Voyages Une visite de courtoisie à Stoupan (Roura)

     

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